Un travail en évolution

français / engish


Extrait de conférence

Les violons dansants sont nés suite à une formation continue à l'institut de rythmique Jaques-Dalcroze de Genève en 1998-99.

Après des études d'alto poussées et l'obtention des meilleurs titres, je croyais avoir une bonne coordination de mes mouvements. Mais, dans mes premiers contacts avec ces exercices de rythmique, j'ai été frappée de découvrir à quel point ils étaient difficiles pour moi.

C'est en découvrant ces incompétences que je me suis promise d’offrir d’autres bases à mes propres élèves.

Pour assurer l'indépendance de chaque mouvement isolé, Dalcroze l'exerce simultanément avec d'autres membres du corps et d'autres mouvements, de tempos ou de directions contrastés. L'objectif de ce travail est d'éliminer les influences réflexes.
A l'instrument, nous exerçons l'indépendance de chaque mouvement et apprenons à ne pas les laisser s'influencer mutuellement.
Pour un violoniste, les deux côtés du corps ont une fonction très différente et contrastée (main gauche = mélodie, archet = création du son). Les mouvements sont également très différents.

On peut noter que le travail du violon est surtout focalisé sur le haut du corps et les difficultés inhérentes à cet instrument  créent souvent des crispations et des émotions négatives.


J'ai donc fait le pari que si on utilisait le bas du corps comme mouvements contrastants pour exercer l’indépendance des actions du violoniste, cela devrait permettre de déplacer l’énergie vers le centre et libérer l’instrument de ces tensions.

C'est cet aspect fondamental que j'ai pu observer chez mes élèves durant toues ces années.

De plus, en focalisant l'esprit sur d'autres résistances, les tensions relatives aux difficultés de l'instrument tendraient à disparaître.
D'autre part, utiliser tout le corps, physiologiquement et neurologiquement, m'a semblé évident dans le but de développer l'expression globale de l'enfant ainsi que sa personnalité.
Après ces années d'enseignement avec l'aide de la danse, en voyant évoluer les enfants et en prenant en compte les observations des collègues et du public, on peut dire que les élèves qui ont commencé le violon avec l'apport de la danse ont développé certains atouts:
- une belle aisance dans le jeu de l'archet, les mouvements sont amples et ne sont pas limités par la seule dimension
  de l'archet, l'espace environnant est également investi;
- une bonne attitude et gestuelle adaptée au jeu et à l'expression;

- un accès au vibrato précoce;

- peu de problèmes rythmiques et le sens de la pulsation;
- et surtout, beaucoup de plaisir à jouer et à transmettre leur enthousiasme.
On constate également que le résultat purement technique est rapide et efficace.
Par l'utilisation globale du corps et de l'esprit, l'élève investit son travail technique et peut donc incorporer cet apprentissage à un mouvement général plus ample.
Cette approche me semble aller dans le sens de la quête de tout musicien: faire un avec son instrument...